Alternative Granada | Bastien Delesalle
Bastien Delesalle

Alternative Granada

Alambra et Sierra Nevada

Exactement comme en voyage, dans la Vallée de Lecrin, la constante, c’est le changement. J’y ai vécu pendant plus de deux mois, subissant les caprices de la météo. Le vent rafraîchissait généralement l’atmosphère. Cela m’a totalement dupé car sitôt sorti de cette vallée, après seulement quelques dizaines de kilomètres, la température a soudainement augmenté. Moi qui voulais absolument éviter cette situation, de me trouver en Andalousie au moment des fortes chaleurs, je me suis fait avoir …

Je retrouve ma liberté de nomade, et ce que j’aime tant, le sifflement des pneus sur la route et le vent frais sur mon visage. Sauf que désormais, les pneus collent à l’asphalte qui fond par endroits et l’air est plus chaud qu’autre chose.

J’arrive ainsi à Granada. La pollution des villes en général augmente la sensation d’étouffement, c’est encore plus valable avec la météo espagnole. La chaleur est désormais bien présente. Je passerai trois jours dans cette ville sans m’y ennuyer. C’est bien rare pour moi. Souvent, après deux heures et un tour en centre ville, je pense déjà à fuir. Montse, que j’ai rencontrée récemment dans le centre de méditation, m’accueille comme un roi.
Je me sens chez elle totalement libre, sans aucune pression. Je peux sortir quand je le souhaite sans me sentir observé. Je peux manger quand je le souhaite, aux mêmes heures qu’elle et son fils, ou plus tard si je suis parti découvrir la ville. Je peux travailler librement sur mon ordinateur sans sentir qu’on pourrait me reprocher de m’isoler un peu. Dans ces conditions, je ne ressens pas la pression d’être entre quatre murs.

Montse habite dans le vieux quartier de l’Albaicín, et c’est de loin l’endroit où il faut vivre à Granada, même si les rues y sont très pentues. Le centre ville est joli et les nombreux très bons musiciens qui y jouent offrent une atmosphère très agréable, mais l’Albaicín est incomparable au reste de la ville. Les rues antiques et étroites, qui offrent l’ombre bienvenue, et les petites maisons, églises et mosquées qui se mélangent aident à ressentir l’atmosphère de la vie d’antan. Le point de vue depuis la place Sant Nicolas est époustouflant. On aperçoit la ville en contre-bas, l’Alambra, la Sierra Nevada et toute la vallée depuis les hauteurs de ce quartier. Cela a le mérite de rafraîchir l’esprit alors qu’on fond en plein soleil.

Cirque en musique

Au-delà de cela, à mon sens, le plus important est de découvrir Granada en creusant un peu plus loin sur la montagne. Creuser est le mot parfait pour décrire ce qui s’y passe. Il y a une importante vie alternative dans cette ville, et l’on peut apercevoir de nombreuses cuevas (grottes) sur les hauteurs. Les gens y vivent simplement, parfois par obligation mais pas toujours. Il n’y a pas que des gens sans argent. Certains viennent y vivre pour jouir de la vie simple que cela offre. Un grand musicien y a élu domicile pendant plusieurs années afin de pouvoir offrir des concerts dans une atmosphère acoustiquement parfaite.

A flanc de montagne, la vie est difficile. L’accès à l’eau potable nécessite de gros efforts. Il faut la récupérer plus bas dans la ville connectée au réseau. Les chiens sont omniprésents, les gens dans les cuevas ne veulent pas d’enfants alors ils adoptent en nombre ces animaux qui, au final, posent beaucoup de problèmes …
Les premières cuevas paraîssent sales et sans organisation. Elles sont toutes collées les unes aux autres, clôturées à l’aide de matériaux de récupération. D’autres beaucoup plus grandes avec des abords extérieurs fleuris, splendides et entretenus montrent qu’ici ne vivent pas uniquement des gens pauvres.

Si on s’enfonce encore plus loin dans la vallée qui se trouve derrière l’Ermita de San Miguel Alto, on peut découvrir un tout autre Monde. J’y rencontrerai Viller, un Autrichien qui y vit depuis deux ans. Je trouverai à l’intérieur de sa petite cuevas un peu de fraîcheur, et quelques bières matinales, une des activités principales par ici …
Cette vallée a vue sur la Sierra Nevada, encore enneigée en mai. L’atmosphère y est totalement différente. Les espaces sont beaucoup plus verts et ouverts. Les quelques cuevas que l’on y trouve, plus isolées, et donc plus tranquilles, rencontrent aussi des problèmes plus compliqués. La ville est encore plus loin, les pentes encore plus escarpées, et les chemins tracés au fil des passages sont très pierreux.

Grottes

Il paraît que si l’on continue de s’enfoncer dans la montagne, on peut découvrir d’autres vallées également habitées. Je n’irai pas jusque là, la chaleur m’impose de trouver un peu d’ombre.
Il m’aura fallu deux mois pour trouver un moyen de dormir à Granada, mais l’attente valait le coup, car j’y ai découvert un autre Monde: une cohabitation urbaine particulière entre les locaux, les touristes et une vie alternative, le tout avec ce panorama exceptionnel qu’offre la Sierra Nevada …

 

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