Courir dans Porto | Bastien Delesalle
Bastien Delesalle

Courir dans Porto

Ville de Porto

J’ai récupéré un réchaud il y a quelques jours. Je pars sans préoccupation en direction de Porto, si ce n’est d’y arriver au plus vite. Je me rapproche rapidement de la mer et la température est maintenant de plus en plus agréable. Je peux désormais rouler l’après-midi et cela me permet d’avancer rapidement. Malheureusement, il y a de plus en plus de voitures. Logique. Pour accéder aux grandes villes, les petites routes disparaissent parfois plus de cent kilomètres avant d’y entrer.
Le soir, le vent du Nord est froid et puissant. Dans l’après-midi, il me ralentit beaucoup et je dois lutter contre lui … Pourquoi le vent est-il toujours de face ?

J’arrive fatigué à Porto. C’est la raison pour laquelle je n’aime pas avoir de rendez-vous. Je dois avancer coûte que coûte pour arriver le jour prévu. J’ai programmé quelques hébergements pour les premières nuits. J’espère me reposer un peu avant de visiter la ville. La première personne qui m’héberge est tellement sympa, que nous discutons une bonne partie de la nuit. Ce n’est pas comme cela que je vais récupérer de mes efforts de la semaine. Je pars visiter la ville …

Ni plus ni moins jolie que Lisbonne, Porto est juste différente …
Le rio Douro à ses pieds, le centre-ville n’est pas bien grand mais très escarpé. Il faut avoir de bonnes jambes pour monter et descendre sans cesse et emprunter des escaliers très raides dans les petites rues. Je n’ai pas l’habitude de marcher et au bout du deuxième jour, une douleur apparaît déjà au niveau de ma jambe droite. Elle m’handicapera beaucoup pour la suite du voyage.
Le mélange des touristes, des pélerins de Compostelle et des Portugais qui vivent toujours dans le petit centre-ville crée une atmosphère très agréable. J’ai adoré observer les hommes jouer aux cartes dans les parcs se disputant après chaque partie et voir les femmes discuter autour des lavoirs publics.

Les ennuis recommencent. Une autre partie de mon porte-bagage se brise sur les rues pavées de la ville. La chance me sourit cette fois et je trouve la solution très rapidement sur un chantier.
Un couple me garde le vélo en toute sécurité pour le temps que je passe à Porto. Si j’avais dû le pousser pour parcourir la ville, cela aurait été un enfer.
Sans mon vélo, je me sens comme orphelin. Je constate à quel point il est une partie de moi-même, l’extension de mes jambes qui me permet de vivre et d’avancer. Je ne cesse d’y penser, et je me sens soulagé de le savoir en sécurité. Quand le vélo souffre de la rudesse de la Route, il en va de même pour moi.
Sans le vélo, je passe aussi totalement inaperçu dans la ville. Je suis un inconnu de plus qui déambule. Pas de demande de photos, personne ne souhaite me parler. Je suis comme un fantôme, et sans lui, je perds mon âme, tout l’intérêt d’attirer les personnes les plus intéressantes. La cité perd de son charme car il n’y a aucun échange. C’est bien triste.

Mais je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Le plus gros problème que je rencontre durant les quelques jours que je passe à Porto est de trouver des hébergements. J’avais pourtant pris la précaution d’organiser ma venue quelques semaines à l’avance. Mais rien ne se passe comme prévu. Les gens n’ont pas beaucoup de temps en ville, ce que je peux comprendre. Chaque nuit, il me faut rechercher des contacts et répondre à différents messages pour trouver un hébergement pour la nuit suivante. Toute la journée, je dois me rapprocher des connections internet pour vérifier si quelqu’un peut me recevoir le soir même. Lorsque vous cherchez à ne pas payer les hébergements excessivement chers, tout est très compliqué. En plus, cette semaine, un grand festival de musique a lieu près de Porto et toutes les auberges de jeunesse sont complètes et la jeunesse Portugaise y participe tous les soirs.
Je vis très mal cette situation sans cesse urgente et stressante. Rechercher chaque nuit où dormir le lendemain, sans pouvoir me reposer est un enfer. Cela ne me permet pas de profiter pleinement de la ville.

En parallèle, j’arpente les rues de Porto à la recherche de tous les magasins capables de trouver une solution pour réparer mon réchaud. Celui d’urgence que j’utilise actuellement fonctionne au gaz, et les bonbonnes coûtent extrèmement cher. Cuisiner plusieurs fois par jour avec ce type de réchaud qui consomme énormément n’est absolument pas économique. Je trouve enfin quelqu’un capable de recevoir la pièce en question, et il devrait pouvoir me l’envoyer d’ici un mois à une quelconque adresse que je lui fournirai. C’est un autre problème que je résoudrai en temps voulu.

Touriste sans vraiment l’être, c’est ainsi que j’ai visité Porto, de manière différente (comme toujours), à la recherche d’un soudeur, de pièces de rechange pour un réchaud, de logements que j’ai parfois trouvés à 20 heures. Finalement, avec tout ceci, j’ai parcouru la ville en long, en large et en travers, finissant par connaître toutes les petites rues comme ma poche très rapidement. Régulièrement, je me reposais dans les parcs pour profiter du calme et de la verdure dans une ville où la circulation est intense. Les taxis reconnaissables de loin ne s’arrêtent jamais.
Les ennuis se sont multipliés, mais finalement sont tous résolus. J’apprendrai plus tard sur le chemin de Santiago de Compostela que j’ai eu énormément de chance de réparer mon porte-bagage …

Des journées entières de nationales, de voitures et de pollution pour me rendre dans une grande ville comme Porto, pour finalement quoi ? Le plaisir d’avoir vu la ville et les nombreux problèmes qui l’accompagnent … le jeu en vaut-il la chandelle ?
Cela me fait beaucoup réfléchir pour la suite de mes pérégrinations, et je me rends compte à quel point j’aime ma Nature, sa beauté et son calme malgré sa rudesse.

Je repars de Porto plus fatigué que j’y suis arrivé … en empruntant le chemin de Compostelle. Je passe de nomade à pèlerin. Je retrouve les petites routes, les forêts, la campagne, les villages et les gens qui y vivent et que j’aime tant.
Entendez-vous ce silence ?

 

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