Dans notre imaginaire, l’Espagne est le pays du soleil, de la plage et des vacances. C’est bien vrai l’été mais on oublie souvent que l’Espagne est aussi principalement le pays d’Europe avec la Suisse qui possède le plus de montagnes sur son territoire.
En hiver, si on s’écarte de la côte, un vrai froid en altitude est bien présent. Dans les montagnes, la neige revient chaque hiver d’autant que cette année l’Espagne subit une vague de froid historique.
Pour éviter les zones côtières, la forte densité de population, les nationales et le grand nombre de voitures qui y circulent, je choisis souvent de prendre un peu de hauteur pour emprunter des routes moins fréquentées et plus agréables. Je me retrouve alors à devoir passer des cols enneigés …
Heureusement, le pays est habitué à ces conditions climatiques et les déneigeuses très efficaces rendent les routes très praticables alors que les accotements sont enneigés sur plusieurs centimètres …
En journée, pédaler me réchauffe, mais dès que je m’arrête, je dois redoubler de vigilance pour m’abriter du vent glacial et installer mon bivouac dans un endroit stratégique. Parfois, dans les vignes, les fermiers m’ouvrent pour la nuit la maison où ils logent leurs employés l’été. Lorsque je redescends dans les vallées, parfois la neige se transforme en frigorifiques averses interminables.
Lorsque cela m’empêche de rouler certains jours, la forêt me sert de refuge. En pleine nature, mon expérience m’est alors très utile et je dois faire preuve d’imagination pour me procurer l’eau vitale. J’utilise alors la toile de tente d’où l’eau ruisselle et mes ustensiles de cuisine pour récupérer les 2 litres d’eau dont j’ai besoin quotidiennement pour m’hydrater et cuisiner …
Alors que la météo semble revenir à la normale, un jour où la température approche les 30 degrés au soleil à l’heure de la sieste, j’entre après 4 kilomètres de montée à 10% en compagnie des mouflons dans la région de Castilla La Mancha. J’arrive à 765 mètres d’altitude sur un plateau plus plat que « Le plat pays ». En montagne, c’est assez déconcertant. C’est le moment que choisit Eole pour s’inviter à la fête. Un vent glacial et constant s’acharne sur moi à plus de 80 km/h jour et nuit pendant plus d’une semaine. Cela transforme les gestes les plus simples comme rouler droit, installer la tente, allumer un briquet ou tout simplement aller aux toilettes en mission impossible … Heureusement, même si les Espagnols ne sont pas très enclin à m’accueillir chez eux, dans les petits villages, le maire a souvent une solution à m’offrir pour dormir à l’abri du vent (salle d’attente du médecin, gymnase, auberge de pèlerin sans la payer). Quand ce n’est pas le cas, ma tente me prouve en subissant les assauts du vent toute la nuit sans broncher que je peux encore lui faire confiance malgré ses 10 ans. Ci et là la toile est trouée, une fermeture éclair ne fonctionne plus, les coutures fatiguent et ne sont plus très étanches, mais comme moi elle supporte les chocs et les caprices de la météo. Tout n´est qu’une question de patience.
La Nature est magnifique mais les éléments sont puissants et impitoyables.
Maintenant, que l’on ose encore me demander pourquoi j’ai autant d’équipements …
Heureusement, l’Espagne reste le pays du soleil et ces conditions climatiques un peu particulières restent brèves … même si l’aube et les soirées restent fraiches, le soleil finit toujours par revenir avec ses temperatures très clémentes pour l’hiver. Pendant ce temps, les Espagnols, eux, ont froid.
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