Il n’existe pas un jour sur la Route où il n’arrive pas que quelqu’un me vienne en aide. Que ce soit tout simplement en remplissant mes bouteilles d’eau, en m’offrant un petit quelque chose à manger, en m’invitant à dîner ou à passer la nuit au chaud. Le Monde est plus accueillant qu’on ne le laisse entendre. Sans les autres, je n’aurais jamais pu faire tout ce que j’ai réalisé jusqu’à présent. Pendant longtemps, je me suis senti frustré voire coupable de recevoir autant sans jamais pouvoir donner. Mais un jour, alors que je pédalais en Grèce en plein hiver dans les montagnes, de fortes chutes de neige m’ont empêché d’avancer et un homme dans la rue m’avait proposé de m’héberger. Je ne le savais pas encore, mais cela allait me donner l’occasion de me rendre utile en offrant des vélos à des réfugiés de guerre. Pour ce faire, il aura fallu que je monte un projet solidaire en organisant un appel aux dons qui s’est révélé être un franc succès. Quelques mois plus tard, en 2020, « mes » réfugiés pédalaient pour aller travailler. Reprenons l’histoire depuis le début avec le film de présentation du projet qu’une bénévole m’avait aidé à réaliser pour l’occasion …
SYNOPSIS :
A l’époque où je les ai rencontré, Yahia, Isham et Hassan, réfugiés de guerre, vivaient, grâce à l’association SOLIDARITY FIELDS, dans une petite maison de campagne au confort précaire. Une grange froide et sombre faisait office de chambre à coucher. Ils avaient aménagé leur lieu de vie en une petite ferme autogérée avec des animaux et un grand potager. Mais leur résidence était très isolée, et pour aller vendre au village le plus proche le fromage qu’ils produisaient eux-mêmes pour survivre, ils devaient parcourir quotidiennement une distance de près de 10 km. M’étais alors venu l’idée de leur faire parvenir des vélos afin d’améliorer leur quotidien et leur qualité de vie. L’idée était qu’en pédalant pour aller travailler au lieu de marcher, ils gagneraient un temps précieux sur leur trajet et ainsi de bénéficieraient de plus de temps de repos et de sommeil.
Courageux malgré leur situation précaire et leurs difficultés, ils n’avaient ni honte ni peur de partager leur quotidien à travers leur groupe Facebook.
UNE LECON D’HUMANITE :
J’ai rencontré ces réfugiés alors que je pédalais en Grèce pendant les fêtes de fin d’année 2019. Les chutes de neige abondantes m’avaient mis dans une situation délicate à cause des températures glaciales et des cols de montagne fermés m’empêchant de progresser. C’est en demandant mon chemin dans la rue que j’ai rencontré un de ces réfugié qui m’offrit spontanément de m’héberger. Sur place, tous m’avaient interdit de me rendre au supermarché pour participer aux frais de nourriture, partageant naturellement avec moi le peu qu’ils possédaient.
Les conditions de vie que j’avais découvertes s’étaient avérées très rudes, même pour moi qui étais habitué à voyager dans l’inconfort. Ils n’avaient pas d’eau courante autre que le réservoir d’eau de pluie qui les alimentait. L’eau chaude et le chauffage n’existaient pas dans la maison. Ils se chauffaient uniquement à l’aide d’un poêle, qu’ils alimentaient avec du bois, souvent mouillé, qu’ils récupéraient comme ils pouvaient. Il n’était donc pas rare de voir la pièce dans laquelle nous vivions être enfumée. Cela nous obligeait à ouvrir portes et fenêtres, ce qui refroidissait la maison encore plus qu’elle ne l’était avant d’avoir allumé le poêle. Lorsque je m’y trouvais, la température intérieure n’avoisinait souvent pas plus de 7°C.
Comble de malchance, sur les 8 jours que j’aurais passés à leurs côtés, 5 journées se seront déroulées sans électricité, nous obligeant à passer toutes nos soirées à la bougie, y compris celle du Nouvel An. Et pourtant, malgré les conditions presque extrêmes dans lesquelles ils vivaient, et malgré le dur travail qu’ils abattaient chaque jour, je ne les ai jamais entendus se plaindre, leur quotidien se déroulant généralement dans la bonne humeur, la joie de vivre et le sourire aux lèvres. Face à tant de générosité, de gentillesse et de courage, je m’étais promis d’essayer d’améliorer un peu leur quotidien en leur trouvant des vélos pour qu’ils puissent aller travailler plus facilement.
ACHAT ET ACHEMINEMENT DES VELOS :
Pour limiter l’impact environnemental du projet, les vélos financés ont été acheté dans un magasin local, Bikestation, se situant à une cinquantaine de kilomètres du lieu de résidence isolé des réfugiés. Les vélos, des Mountain Bike équipés de leviers de vitesses et dérailleurs Shimano ont été équipés de porte-bagage solide typés voyage pour transporter leurs fromages.
L’acheminement des vélos, déjà le point noir du projet à l’origine, a été compliqué par la crise du Covid-19 mais grâce à l’énergie de chaque intervenant que je coordonnais à distance, nous sommes parvenus à surmonter toutes les difficultés. Le gérant du magasin grâce à beaucoup de bonne volonté a été pour beaucoup dans le succès de l’acheminement malgré les restrictions de confinement qu’il subissait en Grèce. Ensuite, Castro SOLAIDAKOUK, président de l’association SOLIDARITY FIELDS s’est occupé personnellement du transfert des vélos. Cet homme, capable de déplacer des montagnes, aide de nombreuses familles de réfugiés en leur trouvant des lieux de résidence d’oû ils peuvent alors développer une activité agricole leur permettant de vivre dignement ou presque.
Il m’aura fallu plusieurs mois de travail pour aboutir à mon objectif, mais tout ceci n’aurait surtout jamais été possible sans la générosité des 21 personnes qui m’ont permis de collecter la somme nécessaire à l’achat de ces vélos. Je tenais à les remercier tout particulièrement une fois de plus. Ils ont mon entière gratitude. Merci également à la personne qui m’avait aidé au montage du film « Un vélo pour l’avenir » et m’avait soumis l’idée du nom du projet. Un grand merci à tous. SEUL, ON VA PLUS VITE, ENSEMBLE, ON VA PLUS LOIN.
Les réfugiés ont besoin de personnes comme toi qui veulent les voir comme des êtres humains, pas comme des pestiférés. (un contributeur)
Rejoignez vite la communauté Facebook pour discuter avec nous !!!